Le projet DinLang

Les dîners familiaux fondés sur la commensalité et la conversation constituent un rituel collectif majeur, véritable marqueur du patrimoine culturel français. Ils jouent de fait un rôle clé dans l’identité des Français.

– Comment les pratiques linguistiques et alimentaires sont-elles transmises aux enfants sourds et entendants au cours de ces moments partagés et privilégiés de la vie quotidienne que sont ces dîners familiaux ?
– Comment sont-elles ensuite utilisées par les enfants pour construire du sens et, parallèlement, s’approprier, à long terme, les patrimoines langagiers, culturels et alimentaires de leurs parents ?
– Et comment les membres de la famille orchestrent-ils ensemble leurs paroles, leurs gestes, leurs signes, leurs regards et leurs actions ?

Voilà trois questions phares à l’origine du projet DinLang mené conjointement par quatre équipes pluridisciplinaires : Prismes, MoDyCo, SFL et Dylis. Leur particularité ? Elles utilisent toutes quatre des méthodes ethnographiques pour recueillir des données sur les dîners et ce, dans deux langues officielles de France, une langue parlée, le français et, une langue des signes, la Langue des Signes Française (LSF), aux différences sémiotiques évidentes.

Pour ces quatre équipes, il s’agira en particulier d’analyser les caractéristiques communes et les variations entre la parole, les signes, les gestes co-verbaux et co-signés – y compris le regard et les expressions du visage – dans des activités situées et en interaction. DinLang apportera des résultats innovants quant aux pratiques socioculturelles qui façonnent et dynamisent la vie familiale française. Ce projet nous permettra aussi d’étudier les éventuelles corrélations entre ces dîners en famille et des habitudes alimentaires françaises. A ce titre, l’un des enjeux pourra être de partager nos conclusions avec des professionnels de santé spécialisés dans la nutrition et le bien-être corporel.

Le projet DinLang se structure en cinq parties, dites Work Package :
Gestion de projet
Théorisation / Modélisation
Données
Analyses
Valorisation

Pour aller plus loin…

– Du fait du rôle spécifique du regard et des articulateurs impliqués (bouche, mains, bras…), il existe des différences majeures entre la coordination de la parole versus des signes, et les pratiques dinatoires.

– Les enfants maîtrisent de plus en plus la coordination des ressources sémiotiques et le va-et-vient entre activités.

– Les enfants apprennent progressivement à utiliser, initier et maîtriser le discours distal (à propos de ce qui n’est pas présent) et à passer du discours proximal (le discours sur ce qui est présent) au discours distal.

– Malgré les variations individuelles, des régularités développementales selon l’âge, les développements cognitif, social et linguistique ainsi que du mode d’expression (parole, signe, geste) pourront être identifiés. – Le mode d’expression et ses composantes formelles, lorsqu’ils sont déployés dans des activités situées, ont un impact majeur sur la façon dont les enfants créent du sens et développent le langage.