WP 4.2 : Les pratiques langagières en français et en langue des signes française

Objectif
Nos analyses des données multimodales nous permettent d’élaborer un modèle communicatif multimodal du développement du langage dans les interactions multipartites selon la langue (français / LSF), le type de discours (proximal / distal), l’âge des enfants et le type de fonction linguistique (référence personnelle et temporelle).

Méthode
Nous créons des templates ELAN et codons le 1) le discours proximal / distal ; 2) les indicateurs développementaux ; 3) les références temporelles et 4) les références personnelles. Des sessions d’analyse qualitative de données sont organisées régulièrement. Des statistiques multivariées et mixtes sont également réalisées pour les analyses quantitatives.

Coordinatrices
Marion Blondel (équipe 3, SFL) sera responsable des données LSF et Aliyah Morgenstern (équipe 1, Sorbonne Nouvelle), des données en français.


Langage proximal / distal (languaging)
Nous codons les sujets de conversation, comptons le nombre de tours de parole qu’ils suscitent et leur durée. Nous notons aussi s’ils portent sur l’ici et maintenant (proximal) ou s’ils sont liés à des activités de narration, d’argumentation, ou de planification (distal).

Indicateurs de développement
Pour chaque type, nous pouvons comparer différentes caractéristiques linguistiques : le nombre de mots / signes / gestes différents, la durée moyenne des tours de parole, la complexité de la syntaxe, la diversité des actes de parole, la diversité et les types de gestes (déictiques, pragmatiques, structurants, représentationnels). Nous relevons également si le fait de manger et d’interagir se fait simultanément ou de façon exclusive, et combien de participants interagissent (monologique / dyadique / polyadique). Les mesures en français sont facilitées par l’utilisation du logiciel CLAN. C’est en revanche une grande première en LSF et nous chercherons à trouver les meilleurs outils pour l’analyser.

Gestes coverbaux et co-signés
Nous pouvons comparer, entre participants parlant le français ou signant la LSF, une sélection de gestes fréquemment réalisés entre sourds et entre entendants comme les haussements d’épaule, les mouvements de tête ou des doigts (finger-wagging), les balayages (brushing away) et évaluons leur répartition selon qu’ils relèvent du discours proximal ou distal.

Cadres participatifs
L’analyse des cadres participatifs s’attache à répondre aux questions suivantes : 1) qui parle, 2) à qui, 3) à propos de qui et 4) qui est impliqué dans la conversation ? Chaque tour de parole est codé selon ces quatre catégories. Le codage du cadre participatif précise la nature des conversations – monologues, dialogues (dyadique) ou polyadiques -, dans un discours proximal versus distal. Les références personnelles (dans la parole, les signes, les gestes, le regard) sont annotées et analysées.
La référence à soi et aux autres est un élément clé du développement du langage et de l’expression de la subjectivité et de l’intersubjectivité. Certaines formes sont spécifiques à la LSF ou font partie de la gestuelle partagée (signes du nom, pointage de soi et d’autrui, direction du mouvement), d’autres sont plus attachées au français (noms, pronoms et gestes de pointage). Le système référentiel (pronominal) est également un site privilégié pour étudier la (dis)continuité entre le geste et le signe, et entre le geste et la parole (Petitto, 1987 ; Blondel & Tuller, 2008 ; Morgenstern et al., 2016).